
Ce jour-là
Un matin de printemps
J’ai passé la première porte
Quatre années après
Un après-midi d’hiver
J’ai passé la deuxième porte
Les portes du monde des morts : le mouroir
Le mouroir
Il se dresse tel un monument
Massif et inévitable
Immanent et indestructible
Tel un musée de la vie
Où les souvenirs sont exposés en trophées
Vestiges d’une existence riche et brisée.
Le mouroir
Ma nouvelle demeure imposée
Dont d’aucun n’aperçoit l’intime agencement
Tant l’imprévisibilité soudaine
De sa survenance sidérante
En impose l’amodiation
A perpétuité.
Dans le mouroir
Au travers des vasistas
La faible lumière du jour
Dévoile les ombres silencieuses des souvenirs
Qui déambulent fugacement
Dans une atmosphère
Tantôt paisible et douce
Souvent triste et angoissante et torturée.
Dans le mouroir
Les visiteurs s’invitent nombreux
Dans une hâte craintive
Imprégnés de la peur de la contagion
Qui leur fait quitter les lieux
Dans une précipitation
Teintée d’épouvante.
L’affliction et la souffrance
S’invitent insidieusement
Tels les visiteurs du soir
Soucieuses de leur sournoiserie
Pour mieux envahir
Les couloirs délabrés et fissurés
Du mouroir de la vie errante et solitaire.
Le mouroir
Cette nouvelle résidence
Dans laquelle la mère-solitude
Côtoie le désespoir et l’abandon
Renferme cependant
A travers les murs suintants
Le vent de la consolation et de l’espérance.
Dans le mouroir
Les conversations se font à voix basse
Avec l’au-delà, derrière le voile
Les concertations avec le monde invisible
Se réinventent petit à petit
Dans un silence absolu et serein
Un paradoxe enrichissant et éclairant.
@Hannacelya, le 20 septembre 2022